« Si un jour j’étais seule sur terre
je crois que je dormirais mieux »
(extrait du texte)
K est un jeune homme ordinaire. Des parents chez qui il vit encore, une petite amie rencontrée à l’ombre d’une bibliothèque, un travail qu’il accomplit avec sérieux, des rêves parfois étranges, des peurs que nous avons tous. Un quotidien assez banal en somme, jusqu’au jour où une étrange infirmière, lui annonce en pleine rue qu’il est malade.
Malade de quoi ? Il n’en saura rien.
Mais à partir de ce moment, sa vie bascule. Sa réalité et ses perceptions ne se feront plus qu’à l’aune de cette supposée maladie grave et incurable qui infecte son rapport au monde et aux autres.
Cette idée obsédante incarnée par cette infirmière qui le hante, l’entraîne dans une spirale cauchemardesque et paranoïaque le conduisant à commettre l’irréparable avant de prendre la fuite.
Ne restera plus que la voix de ses proches et leurs tentatives désespérées de faire sortir du silence les raisons des ces actes de violence inouïe.
GENÈSE
” Quand j’étais adolescent, un de mes amis a tenté de se suicider violemment. Je le voyais presque tous les jours et puis il a disparu. Quand j’ai appris ce qu’il avait fait j’ai été dévasté. Rien dans son comportement ne laissait prévoir ce geste. C’était soudain, brutal. Je ne comprenais pas. Je me suis mis à questionner toute notre relation, tout ce que je savais de lui. Rien ne laissait présager de ça. Je me suis longtemps posé la question du déclencheur, de ce qui l’avait conduit à ça. Je n’ai jamais trouvé de réponse.
(…) Je ne souhaite pas parler de mon ami, enfin pas directement. Je souhaite parler de ces questions, de cette incompréhension, que nous avions, nous, ses amis, face à cet acte dont nous n’arrivions pas à accepter la brutale réalité. Ces questionnements, cette incompréhension face à ce que nous percevions comme de la violence, de la folie, je les ai retrouvés chez chacun des personnages de cette pièce, face à la violence incompréhensible de l’acte commis par K.
ECRITURE ET INTENTIONS
La pièce est construite, en partie, sous la forme de témoignages. Comme dans une tragédie antique, la violence est hors scène et c’est la parole, le récit – de cette violence, notamment- qui font avancer l’intrigue. Les personnages témoignent comme ils témoigneraient devant un tribunal (qui se trouve être ici le public) tentant de démêler les causes de la tragédie qu’ils ont vécue jusqu’à arriver progressivement au point d’orgue : le crime violent, commis par K.
Ce mode de témoignage permet d’opposer les points de vue, un même évènement sera compris et interprété différemment par chacun des protagonistes. Il permet au spectateur d’accéder à l’intimité des personnages, à mesure que la pièce avance les langues se délient et de tribunal, le public
deviendra un confident.
(…)
Le psychanalyste Jacques Lacan a beaucoup écrit autour de ce qu’il appelait une psychose « dormante », une pathologie psychiatrique grave qui existerait chez certaines personnes à priori saines d’esprit, et qui aurait besoin d’un « déclencheur » pour se réveiller et plonger une personne dite « normale » dans un épisode psychotique grave. La maladie de K pourrait être une maladie de ce genre.
La question centrale de la pièce, à laquelle seront confrontés tour à tour chacun des personnages sera celle du déclencheur. Qu’est-ce qui a fait basculer K ?
Ce concept de psychose dormante sera conceptualisé en 1973 par André Green et Jean-Luc Donnet sous le nom de « psychose blanche ». Cette pathologie servira de base à la pièce, mais sous une forme rêvée, distordue.
Cette pièce, par le biais d’un thriller théâtral permet d’interroger l’existence de ces pathologies à l’origine
de comportements violents. Tout au long de la pièce, chacun des personnages cherchera à déterminer sa part de responsabilité dans ce qui est arrivé. Je souhaite questionner la prise en charge collective de ces pathologies et l’incapacité de notre société contemporaine à faire face aux tragédies humaines qu’elles engendrent.
Cie Je crois que je dormirai mieux
Texte Pierre De Brancion
Metteurs en scène Pierre De Brancion, Marine Guez
Avec Fanny Carrière, Ahmed Fattat, Suzanne Jeanjean, Rémi Mesnard, Marie Rahola
Regard Chorégraphique Aurélien Desclozeaux
Création Lumière Thibaud Gambari
Partenaires : IMMS, Marseille | Les Plateaux Sauvages, Paris (et festival Propulsion) | Le Lieu, St-Paul de Serre | La Fabrique Mimont, Cannes
Contacts compagnie :
Compagnie en résidence à la Distillerie du 28 novembre au 4 décembre 2022 & du 27 mars au 2 avril 2023
Sorties de résidences prévues
Tarif unique > 5.00€ // Adhésion obligatoire > 1.00€
Renseignement et réservation > 04 42 70 48 38 / la.distillerie13@free.fr
Réservation possible sur ce site.
Le Bar Associatif est ouvert une demi heure avant le spectacle…
Laisser un commentaire