DU 14 AU 27 FEV. // ETAT D’URGENCE // CIE LA BRIQUETERIE

Au-delà de l’évidente corrélation entre le titre de la pièce et les états d’urgence terroriste et sanitaire en cours, État d’Urgence de Falk Richter révèle une vision large et profonde des peurs qui traversent notre société occidentale moderne et les individus qui la composent.
Ce texte est une fiction. Il n’est pas localisé précisément si ce n’est qu’il se déroule dans le huis clos d’une famille qui vit dans une résidence fermée, au coeur d’une de ces « gated communities » bien réelles qui fleurissent de par le monde pour protéger une classe favorisée des dangers, vrais ou fantasmés, venus de l’extérieur.
Avec État d’urgence, Falk Richter nous projette dans un monde déglingué. Autour des grillages barbelés qui protègent la communauté, il n’y a plus de civilisation, le danger, la violence et les émeutes semblent omniprésentes. À l’intérieur des grilles, les habitants sont soumis à une terrible pression sociale.
Le plaisir de la performance et la conformité au bonheur sont implacablement exigés par l’entreprise qui régit la vie du lotissement.
La femme, garante de l’ordre familial et social craint l’infiltration d’éléments étrangers et les baisses de performance de son mari qui pourraient les conduire à l’exclusion de la communauté.
L’homme écrasé par les pressions combinées de l’entreprise et de son épouse semble au bord du burn-out et de la dépression et, comble de la subversion, il éprouve une certaine attirance pour le dehors . Et leur adolescent de fils, est il un danger pour eux, pour lui même, pour la communauté ?

Extrait de la 1ère note d’intention du projet, écrite par Grégory Vouland.

NOTE D’INTENTION

par Jean-Jacques Rouvière

Comme dans un régime totalitaire, les relations entre ces personnages sont façonnées par leur relation à un système qui réclame un accès transparent à leur intimité. Comme dans un régime totalitaire,on est « dedans » ou on est « dehors », pas d’autre arrangement possible. C’est une question de vie ou de mort. Risquer l’entre- deux c’est risquer la folie.

” Il y a quelqu’un d’autre dans la pièce? quelque part?”

“c’est une pièce sur une femme qui a raison, et sur tous les autres qui ont tort, RAISON TU COMPRENDS RAISON J’AI RAISON, c’est le sujet de cette pièce”

Entre ces deux assertions, parole de l’homme puis, plus tardivement, celle de la femme, se découvre un univers de potentielle mise en abîme. Deux plans de réalité qui cohabitent, celui d’un lieu, espace de vie physique, concret, du foyer familial, et celui, déjà fictionnel, d’une pièce de théâtre.

Qui a raison? Celui qui entend des coups de feu, menace récurrente et rodant, alentour de la résidence-refuge, où bien celui qui ne les entend pas ? Rien ne permet, apparemment, de dégager du heurt des subjectivités, un élément d’objectivité, à l’exception, peut-être, des didascalies de l’auteur: on entend un léger bruit.

La menace est donc omniprésente, protéiforme puisqu’elle naît précisément de l’impossibilité de s’assurer une bonne fois pour toute des différentes formes qu’elle revêt…Ainsi, elle émane aussi bien de l’intérieur de la pièce à vivre, que de celle qui se joue dans le ressenti et les émotions contradictoires des personnages. L’adjonction d’un quatrième personnage/acteur/ muet parait une piste intéressante, dans la mesure où elle permettrait la prise de forme d’un lien entre onirisme, situation projetée, et action concrète au plateau, sans briser la continuité des interactions dialoguées entre les protagonistes “officiels” que l’auteur a façonné.

Il s’agirait donc, de trouver, pour les comédiens qui les incarnent, un terrain de jeu permettant d’assumer cette dualité/fusion des espaces intérieurs ( physique et psychologique) et extérieurs.

CHOIX D’UN DISPOSITIF SCÉNIQUE

Une séquence du documentaire de Luiza Campos ” Les prisonnier du luxe”, m’a mis sur la voie d’une possible résolution scénographique de ce problématique enchevêtrement : On y voit un homme promener son chien entre deux murs d’enceinte, qui constituent comme un no man’s land entre la résidence protégée d’Alphaville à Sao Paulo, et le monde qui la cerne. Comme une cour de prison en forme de long couloir, ou les douves d’une citadelle assiégée…

Cet entre-deux, encore, favorise le mélange des genres. Il autorise dans un même espace la figuration du foyer , dans ce qu’il a de plus emblématique, savoir le lit, comme possible cercueil, lieu privilégié du rêve, de la sexualité, sanctuaire de l’intime en somme.. et un jardin, peut-être une parcelle collective de cette communauté d’anonymes voisins.

La ligne de fuite, constituée par les deux murs convergents vers une unique porte, toujours close, renforcerait la perception d’un entonnoir, d’une inexorable et graduelle oppression :

“ça n’arrête pas de se rapprocher, tous les jours”

La seule issue est dans cette porte qui doit rester fermée.

Cette déperdition des repères contamine également la question de l’identité même des protagonistes:

“où est mon mari ? où est-il ? Je ne le retrouve plus quand je te regarde”

l’apparente incongruité d’un pareil constat pourrait se matérialiser et prendre concrètement sens dans une transformation physique du couple homme/femme:

Et si le projet d’une vie luxueuse, confortable, sécurisée, d’un épanouissement sur étagère, passait par celui d’une opération de chirurgie plastique ? Idéal d’une éternelle jeunesse, qui, comme pour un Dorian Gray en bout de course devait révéler sa vraie nature dans l’effritement du tableau ? On tentera dans l’ expérience et l’usage de masques en latex, comme de secondes peaux, de confronter, à ce refus d’affronter les risques d’une “vraie vie”, celui de l’étouffer dans les mirages d’une autre….


Cie La Briqueterie

Mise en scène Jean-Jacques Rouvière

Avec Irène Ranson Terestchenko, Mouhcine Mahbouli, Ivan Gueudet

Collaboration Scénographique Leslie Bourgeois

Contact compagnie : Irène Ranson Terestchenko, 06 32 24 37 62, ireneranson33@gmail.com

Compagnie en résidence à la Distillerie du 14 au 27 février 2022.

Sorties de résidence prévues vendredi 25 février à 15h et 20h30

Tarif unique > 5.00€    //  Adhésion obligatoire > 1.00€

Renseignement et réservation  >  04 42 70 48 38  / la.distillerie13@free.fr

Réservation possible sur ce site.

Le Bar Associatif est ouvert une demi heure avant le spectacle…

Venir à La Distillerie…

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